Image: Gertrud Schwyzer (1886–1970), ohne Titel, Ärmel und schwarze Handschuhe, Wasserfarbe, Bleistift auf festes Papier, 21 × 31 cm, undatiert, Sammlung Herisau, o. Inv. Nr., © Kantonsbibliothek Appenzell AR, KB-018299/S 1

Créées par une Meret Oppenheim, ces mains auraient sans hésitation été considérées comme une oeuvre d’art. Mais elles ont vu le jour dans l’hôpital psychiatrique de Krombach à Herisau (AR), l’une des 26 institutions cantonales du pays. Son auteur, une artiste qualifiée, y a été internée jusqu’à sa mort en 1970. Durant cette période, elle a réalisé plus de 4000 oeuvres qui n’ont jamais été exposées hors des murs de l’institution.

Les créations d’innombrables autres patients ont connu le même destin. «Entre 1870 et 1930, les activités artistiques jouissaient d’une certaine estime dans les institutions psychiatriques, explique Katrin Luchsinger, historienne de l’art à la Haute école d’art de Zurich. Ce sont les psychiatres qui les jugeaient, et ils n’étaient pas toujours compétents pour cela.» La question de savoir s’il s’agissait ou non d’art ne se posait que rarement, et les oeuvres finissaient vendues dans des bazars, déposées dans les greniers ou jetées à la poubelle. «Cela reflète la décision d’isoler dans des institutions les gens désignés comme et donc de les exclure du débat public.»

L’équipe de scientifiques a examiné 19 270 dossiers dans 22 cliniques et mis au point une banque d’images. Une prochaine exposition montrera 180 oeuvres réalisées par 54 patients dans 10 cliniques. «Nous souhaitons donner la parole à ces artistes», poursuit Katrin Luchsinger. Et lancer une discussion: non pas tant sur le fait qu’une oeuvre devrait être qualifiée d’art ou non que sur une remise en question de notre conception usuelle du musée et de l’art.

Expositions à venir à Heidelberg (D), Thoune et Linz (A): http://www.kulturgueter.ch/