Un mauvais mélange: alcool et médicaments. | Image: Fotolia/Richard Villalon

Les personnes souffrant d’alcoolisme chronique se suicident plus fréquemment que le reste de la population et mettent plus souvent fin à leurs jours à l’aide de médicaments que d’autres groupes vulnérables. C’est la conclusion d’une étude menée sur l’ensemble des suicides commis en Suisse de 2000 à 2010 pour lesquels des indications sur la concentration d’alcool dans le sang au moment du décès étaient disponibles. Dans plus d’un tiers de ces cas, les personnes décédées avaient bu avant de passer à l’acte. Trois quarts d’entre elles avaient des problèmes de consommation d’alcool, selon leur dossier médical.

L’un des auteurs de l’étude, Thomas Reisch, du Centre psychiatrique de Münsingen, n’est pas surpris par ces résultats, en particulier par le recours fréquent à l’intoxication médicamenteuse pour se suicider. «De nombreux alcooliques sont habitués à consommer régulièrement des médicaments parce qu’ils sont en traitement médical intensif.» C’est aussi pourquoi ils sont souvent en possession de substances susceptibles d’être utilisées pour s’ôter la vie.

Les auteurs trouvent précisément ici un angle de prévention. «On pourrait empêcher de nombreux suicides en limitant l’accès aux produits mortifères», assure Thomas Reisch. C’est pourquoi les médecins devraient prescrire aux personnes souffrant de problèmes d’alcool des substances telles que les benzodiazépines de manière aussi restrictive que possible. On pourrait aussi envisager qu’elles les prennent uniquement sous surveillance, directement chez le médecin ou en pharmacie, ou qu’elles ne leur soient données qu’en petit nombre.

Stéphane Praz