La bibliothèque de l'Université de Pennsylvanie à Philadelphie devrait également être exempte de fraude. Mais certaines institutions refusent que leur rapport d'enquête soit publié par l'autorité centrale américaine. | Photo: iStock

Contrairement à la Suisse, les Etats-Unis disposent d’une autorité centrale pour poursuivre la fraude scientifique dans la recherche financée par l’Etat: l’Office of Research Integrity (ORI). Les National Institutes of Health, la plus grande institution de recherche du monde, sont aussi placés sous sa surveillance. L’ORI révise actuellement sa réglementation. Cela est globalement bien accueilli, mais rencontre des résistances sur des points particuliers. Elément le plus controversé: la publication des résultats des enquêtes. Aujourd’hui déjà, on peut savoir qui est sous le coup de sanctions administratives de l’ORI.

En janvier 2024, son site listait ainsi 32 rapports de cas avec les noms des scientifiques dont la fraude était avérée. Mais à l’avenir, cette instance devrait aussi rendre publics les éléments pertinents provenant de cas ayant fait l’objet d’enquêtes internes dans les universités, par exemple pour protéger la santé publique. Ne publier que certaines parties pourrait être trompeur, note dans Science Minal Caron, un avocat qui représente des universités: «Ces rapports d’enquête sont compliqués à rédiger et les comités se démènent pour trouver les bonnes formulations.»

«Le ciel ne leur est pas tombé sur la tête.»

D’autres sont préoccupés par la protection de la personnalité. «Parfois, vous voulez donner une seconde chance aux personnes concernées. Mais c’est difficile une fois qu’elles ont été désignées», indique Susan Garfinkel de l’Université d’Etat de l’Ohio. En parallèle, il s’agit d’éviter que les universités ne passent les cas sous silence. Eugenie Reich, avocate de donneuses d’alerte, voit dans les nouvelles règles une incitation à rendre leurs découver te s publiques. En clair, cela reviendrait à dire: «Si vous ne le faites pas, nous pouvons le faire.» Tina Gunsalus de l’Université de l’Illinois à Urbana-Champaign estime ces craintes exagérées: «Certaines universités ont publié leur rapport d’enquête sans que le ciel ne leur soit tombé sur la tête.» La nouvelle réglementation devrait entrer en vigueur en 2025. D’ailleurs: la Suisse a un code d’intégrité scientifique, une plateforme centrale est en discussion.