Les vers prédateurs projettent une bave qui peut servir d’exemple de super-glue. | Photo: Alexander Bär

Une sorte de colle intelligente, c’est le rêve de Yendry Corrales-Ureña et Fabienne Schwab qui travaillent sur les mucus d'onychophores à l’Université de Fribourg. Ces vers prédateurs sur pattes issus du Costa Rica capturent des insectes en projetant un mucus qui colle rapidement sur leurs victimes quand elles se débattent. Pour les scientifiques, un biopolymère à durcissement rapide inspiré de cette méthode pourrait avoir bon nombre d’applications. Par exemple, pour fermer des plaies chirurgicales de façon plus ciblée qu’avec les adhésifs biomédicaux qu’il faut coller aux tissus mous, y compris dans des environnements humides.

«Nous avons investigué le phénomène des semaines durant pour comprendre que la clé de la super-colle réside dans le dioxyde de carbone.»Fabienne Schwab

A la recherche des mécanismes de séchage de la bave, les chercheuses ont découvert qu’elle contenait des particules de carbonates et de phosphates qui se dissolvent quand on les touche rapidement. «Nous avons investigué le phénomène des semaines durant pour comprendre que la clé de la super-colle réside dans le dioxyde de carbone, note Fabienne Schwab. Les carbonates et les phosphates se dissolvent et interagissent dans une réaction acide-base. Comme avec la levure chimique, le carbonate est décarboxylé, du CO2 est libéré et accélère le séchage du mucus.» Mais il reste plusieurs étapes à franchir pour que les biopolymères à base de carbonates et de phosphates fonctionnent. Car le mucus contient beaucoup d’autres substances. «Nous voulons connaître les composants importants pour un durcissement si rapide d’un polymère soumis à des mouvements. Il faut d’autres études, notamment pour tenter de reproduire le mucus et ses fonctionnalités en laboratoire.»

Y. Corrales-Ureña et al.: Encapsulated salts in velvet worm slime drive its hardening. Nature (2022)