Une sorte d'hallucination : l'algorithme Deepdream tente de reconnaître des chiens dans une image de méduse. | Photo: Martin Thoma

La voix humaine véhicule des informations capitales qui permettent d’identifier presque instantanément une personne connue sans même la voir. Une étude menée par un groupe de scientifiques genevois, vaudois et bernois à l’Université de Genève a permis de définir une carte spécifique des ressources cérébrales utilisées pour identifier sa propre voix tout en la distinguant de celle d’autrui. Il s’agit d’un réseau cérébral qui implique l’insula, le cortex cingulaire et les structures du lobe temporal médian.

D’autres études avaient déjà mis en évidence l’implication de l’hémisphère droit du cerveau dans cette reconnaissance. Mais aucune ne visait à établir en plus un lien entre les activations neuronales pendant l’exécution d’une tâche spécifique, consistant à distinguer sa voix de celle d’autrui. De plus, les études précédentes reposaient sur des stimuli vocaux diffusés uniquement par conduction aérienne. Le son différait dans ce cas de la voix propre telle qu’on l’entend lorsqu’on parle: de l’extérieur par l’air et de l’intérieur par conduction des ondes par les os du crâne et de la mâchoire.

Meilleurs résultats avec la conduction osseuse du son

L’analyse menée à l’Université de Genève repose sur les réponses de 26 personnes qui ont écouté aléatoirement 50 fois six exemples vocaux composés de leur voix plus ou moins mélangée, par morphisme vocal, à celle d’une personne de même sexe. Les séquences étaient diffusées par conduction osseuse (par un casque du commerce) ou aérienne (par haut-parleur de PC portable). Les participants étaient équipés d’un dispositif d’électroencéphalogramme (EEG) qui a permis d’enregistrer en temps réel l’activité neuronale liée à leur propre voix et de la corréler avec la performance de réponse (temps moyen et précision), donnée par clic de souris. Une performance qui était meilleure lorsque le son était diffusé par conduction osseuse.

Ces résultats pourraient être utiles à la recherche du mécanisme encore inconnu des hallucinations auditivo-verbales. On suppose en effet que ces symptômes, connus notamment dans la schizophrénie, sont liés à une déficience à distinguer sa propre voix de celle d’autrui.

G. Iannotti et al.: EEG Spatiotemporal Patterns Underlying Self-other Voice Discrimination, Cerebral Cortex (2021).