Lorsque ce petit ver de 0,5 mm infeste les branchies de poissons, c'est le phytoplancton qui en profite. | Image: Daniel J. Drew/Wikimedia Commons

Les parasites n’influencent pas seulement leurs hôtes; ils peuvent aussi perturber des chaînes alimentaires complètes. C’est la conclusion d’une étude internationale menée par l’institut de recherche de l’eau Eawag. L’équipe a placé des épinoches (des petits poissons répandus dans l’hémisphère Nord) dans de grandes cuves de 1000 litres d’eau pendant un mois. Dans 20 bassins, les poissons portaient des parasites tels que les vers plats de la famille des gyrodactylus, qui se nourrissent du mucus de leurs branchies. Dans 20 autres bassins, un traitement avec un vermifuge avait enlevé pratiquement tous les parasites. Cinq cuves sont restées vides pour contrôle.

La comparaison a montré que les épinoches infestées de parasites mangeaient moins de petits crustacés et de larves d’insectes que les épinoches vermifugées. Ce type de zooplancton se nourrissant d’algues microscopiques (phytoplancton), ces dernières ont proliféré. Cela indique que les vers parasites peuvent avoir une incidence sur la productivité de l’ensemble de l’écosystème d’un lac, selon les modèles développés par les scientifiques. La provenance des épinoches a également une influence: l’effet était plus important chez les poissons prélevés dans le lac de Constance que chez ceux du Léman. Cela vient probablement de comportements prédateurs différents dans ces deux populations.

«Même si des recommandations pratiques ne peuvent pas être tirées de nos résultats, note Blake Matthews, dernier auteur de l’étude, ils contribuent néanmoins à une meilleure compréhension des interactions complexes qui existent dans un lac.»

J. M. Anaya-Rojas et al.: An experimental test of how parasites of predators can influence trophic cascades and ecosystem functioning. Ecology (2019)