Expositions et semaines de vacances: des enfants apprennent à l'Ideatorio de Lugano. | Photos: Giovanni Pellegri

«Nous ne voulons pas devenir un centre scientifique traditionnel. Notre objectif n’est pas d’expliquer la science, mais de créer un lieu de rencontre où les visiteurs arrivent avec leur propre bagage, discutent et débattent. Nous ne nous concentrons pas seulement sur la connaissance, mais également sur tout ce que nous ignorons encore. Le projet du laboratoire d'idées ‹Ideatorio› remonte à 2005. Le soutien de la Fondation Science et Cité nous a permis d’organiser un festival scientifique. J’avais rencontré les autorités municipales pour discuter avec des politiciens et des responsables de l’instruction publique.

Ensemble, nous avons mis sur pied un festival destiné à un large public. Au lieu de nous confiner dans des sujets abscons, nous avons apporté la science à la population locale. Cet événement a alors donné naissance à l’Ideatorio, une antenne régionale de Science et Cité établie à l’Université de la Suisse italienne et soutenue par la Ville de Lugano. L’intérêt est grand: 150 000 personnes ont participé à nos manifestations, et nous organisons chaque année des ateliers pour 400 classes. En 2019, nous nous installons dans l’ancien hôtel de ville de Cadro, un quartier de Lugano. Dès septembre, nous y présenterons des expositions et organiserons de nombreux ateliers. Un espace olfactif permettra aux visiteurs de renifler une centaine d’odeurs différentes. De petits laboratoires aborderont des thèmes liés aux branches «MINT», à savoir les mathématiques, l’informatique, les sciences naturelles et la technique.

L’humain au centre

Enfant déjà, j’étais fasciné par la science. Lorsque mon professeur de piano a très clairement signalé à mes parents mon absence totale de talent musical, ils m’ont alors acheté le télescope que je désirais. Ce cadeau a probablement été une étincelle pour mon cheminement professionnel.

Après des études en biologie, j’ai fait un doctorat en neurobiologie. Avec plusieurs distinctions, rien ne semblait devoir La beauté de l’ignorances’opposer à ma carrière académique. Mais je me suis rapidement senti à l’étroit dans mon travail; je voulais poursuivre une vision qui met l’être humain au centre. Je me suis alors entièrement consacré à des projets humanitaires pendant plusieurs années. Cette plongée dans le monde réel a été pour moi la meilleure école de vie et elle influence mon travail aujourd’hui encore. Ce n’est pas un hasard si la science et les rencontres sociales constituent la base de l’Ideatorio.

Bien qu’on entende souvent le contraire, les jeunes s’intéressent à la science! Ils sont néanmoins toujours moins nombreux à se décider pour une carrière dans ce domaine. Pourquoi? Parce que l’image donnée de la science est malheureusement bien trop unilatérale et sa composante humaniste sérieusement négligée. Nous n’avons jamais disposé d’autant de sources de renseignement – journaux, magazines, télévision, podcasts, wikipedia, etc. Lorsque je cherche une réponse, il me suffit de me connecter à Internet pour la trouver immédiatement.

Malgré ce flot d’informations, les questions fondamentales restent sans réponse. Qui sommes-nous, d’où venons-nous et où allons-nous? Qu’est-ce vraiment que «la vie», où commence-t-elle, de quoi est-elle faite? Nous l’ignorons, non pas parce que nous n’avons pas été attentifs à l’école, mais parce qu’il n’y a pas de réponse… Ce sont pourtant précisément les questions que chacun de nous se pose, enfants, jeunes et adultes. C’est pour y répondre que la science est née et s’est développée. Ces interrogations offrent d’innombrables possibilités d’entrer en dialogue. L’Ideatorio veut être un lieu qui nous permet de nous confronter au mystère de la vie et d’aborder ces problématiques dans leur complexité.»

Humanitaire et science

Image: SUPSI

Giovanni Pellegri dirige l’Ideatorio, une antenne régionale du réseau Science et Cité établi à l’Université de la Suisse italienne (USI). Après avoir fait un doctorat en neurobiologie à l’Université de Lausanne, il a travaillé sept ans au service de l’oeuvre d’entraide Caritas Ticino. En plus de l’Ideatorio, il présente l’émission scientifique de la télévision tessinoise «Il Giardino di Albert».