Photo: Florian Fisch

Le caoutchouc se plie sans casser alors que l’argile se brise si elle est soumise au même traitement. Tandis que le concept de résilience vient des sciences des matériaux, on l’utilise désormais pour décrire la capacité d’adaptation des individus et des systèmes aux difficultés. En 1971, une étude menée sur des enfants a montré que la résilience pouvait s’apprendre et qu’elle n’était pas innée. Depuis, ce concept a conquis la psychologie du développement. Dans les années 1980, le sociologue Aaron Antonovsky s’en est servi pour développer la salutogenèse, une approche qui se concentre sur ce qui favorise la santé plutôt que d’étudier les causes des maladies.

Aujourd’hui, l’idéal de résilience imprègne l’ensemble de la société. En 2017, la Fondation Bertelsmann y a vu «une sorte de nouvelle boussole» qui remplace de plus en plus la notion de durabilité. Pour la sociologue Stefanie Graefe, la tendance est dangereuse: «La résilience est une offre alternative à la critique des conditions de travail. En s’y référant, on peut exhorter les salariés qui ne supportent pas leurs conditions de travail à s’endurcir.»