Philippe Calame, Projet Smapshot: géolocalisation de photos historiques pour un globe virtuel du passé | Photo: Lucas Ziegler

«Il y a dans cette démarche un aspect ludique qui me plaît beaucoup.»
Philippe Calame (50)
Ingénieur géomètre

«J’ai découvert le projet de sciences citoyennes Smapshot par le biais d’un article dans la presse spécialisée. J’ai eu envie de participer à la représentation en trois dimensions du territoire, car cela fait justement appel à mes compétences professionnelles. Et je m’intéresse à la science. Dans le cadre de ce projet, je dois caler des photos historiques sur le globe virtuel d’un site Internet. Tout se passe en ligne, pas besoin de se déplacer sur le terrain avec la photo dans les mains pour vérifier si on est au bon endroit. J’ai commencé par une ou deux photos, et j’en suis aujourd’hui exactement à 3597. L’aspect ludique de cette démarche me plaît beaucoup: il y a régulièrement de nouveaux jeux de photos à caler et un classement des personnes qui ont calé le plus de photos. C’est stimulant: le premier au classement en est à 40 618… Cela crée une émulation bienvenue, car il n’y a pas d’autre forme d’interaction entre contributeurs et contributrices dans le cadre du projet.

J’ai commencé par des photos de Genève, car je connais bien la ville, mais je m’intéresse aussi aux photos de montagnes ou de glaciers. Ce qui est très gratifiant, c’est que le site nous informe si la photo est bien placée. On obtient donc un retour d’information sur notre contribution. Je trouve aussi l’aspect historique passionnant: cela permet de voir comment le territoire évolue. Par contre, je ne sais pas concrètement ce que j’apporte à la recherche scientifique et comment les données du projet seront utilisées par la suite. Je considère que je contribue plutôt à la connaissance générale qu’à la science. J’ai d’ailleurs participé à d’autres démarches de référencement dans le cadre desquelles j’ai apporté mes connaissances du territoire suisse, sans qu’il s’agisse de projets scientifiques.» ef

Renata Loher Dülli, Projet «Was war bekannt?» (Que savait-on?): articles sur les placements extra-familiaux | Photo: Lucas Ziegler

«Il va de soi que je continue à m’engager pour le bien commun.»
Renata Loher Dülli (66)
Assistante sociale et thérapeute à la retraite

«Je suis retraitée et continuer à m’engager pour le bien commun va de soi. J’ai entendu parler du projet «Was war bekannt?» (réd. Que savait-on?) à l’Université du troisième âge et me suis tout de suite sentie concernée. Il s’agit de découvrir ce que la population savait sur les placements extra-familiaux en lisant des journaux. Dans ma profession, j’ai entre autres accompagné des enfants et des adolescents qui avaient été placés hors cadre familial. Je connaissais donc le sujet. Si possible, je vais deux fois par semaine éplucher la NZZ à la bibliothèque centrale à Zurich à la recherche de mots-clés spécifiques et, de manière plus large, d’articles qui me paraissent pertinents. Je consigne mes découvertes dans une grille d’analyse que j’envoie à une banque de données. Je scanne ensuite les articles et les dépose dans un dossier numérique. Toutes les personnes bénévoles sont familiarisées avec les méthodes de travail et de recherche scientifiques dans le cadre d’un atelier.

Dans une autre rencontre de projet, nous évaluerons pour la première fois les résultats de nos recherches avec les scientifiques sur quatre périodes de 1923 à 1981. J’en suis à la phase 2, de 1937 à 1944. J’ai traité jusqu’ici les mois de septembre 1937 à février 1938 et les premiers mois de 1939 et 1940. Durant cette période, les thèmes récurrents sont la guerre qui s’annonce et la neutralité suisse. C’est aussi très instructif, car ces thèmes sont à nouveau d’actualité. Je suis étonnée de voir à quel point on en savait peu, à l’époque, sur les placements extra-familiaux et combien on écrivait de façon méprisante sur les gens concernés. Ce travail est passionnant. Je le recommande à tout le monde, surtout à qui aime lire les journaux.» ato

Christoph Rupp, Projet Info Flora: un carnet de terrain en ligne de la flore suisse | Photo: Lucas Ziegler

«Ce travail est devenu une partie importante de ma vie.»
Christoph Rupp (68)
Enseignant de chimie et de biologie au gymnase à la retraite

«Le carnet en ligne d’Info Flora est une carte qui recense autant que possible l’ensemble des espèces végétales de Suisse à l’aide de groupes régionaux. Il permet de représenter la biodiversité de notre pays, mais aussi de connaître les espèces invasives qui s’étendent dans les biotopes. Le projet livre d’importantes informations aux communes, par exemple en matière de protection du paysage ou lors de projets de construction. Je m’engage pour inventorier la flore de Thoune. Chaque volontaire se voit attribuer un ou plusieurs carrés du plan d’une surface d’un kilomètre carré. Je peux recenser les plantes à n’importe quel moment de l’année, mais je tiens à le faire durant la floraison. Je suis donc surtout sur le terrain entre mars et septembre, en moyenne deux fois par semaine, parfois presque tous les jours.

Je répertorie les plantes à l’aide de la FlorApp et je télécharge toujours des photos dans la banque de données, même si ce n’est pas obligatoire. Bien sûr, cela présuppose certaines connaissances. J’ai suivi diverses formations continues et j’apprends aussi beaucoup lors des excursions d’approfondissement avec les scientifiques. Il existe de plus des outils numériques. Chaque sortie me vaut une nouvelle découverte. J’ai par exemple constaté que les plantes alpines se trouvent aussi à basse altitude. En cas de doute, je peux le noter lors de la saisie et l’entrée est revérifiée précisément. On trouve environ 300 espèces sur 1 kilomètre carré – une diversité impressionnante. La botanique m’a toujours intéressé et je me suis dit que collaborer à ce projet me motiverait aussi à élargir mes connaissances des espèces. Je me déplace généralement seul, ou avec mon chien. Au fil du temps, ce travail est devenu une partie importante de ma vie.» ato

Irene Rapold, Projet Registre suisse de la SEP: des personnes concernées aident la recherche | Photo: Lucas Ziegler

«Je veux avoir mon mot à dire. C’est pourquoi je participe au Registre suisse de la sclérose en plaques.»
Irene Rapold (57)
Chimiste

«Que des personnes qui partagent les mêmes intérêts se regroupent n’est pas nouveau. Qui aime les échecs peut faire partie d’un club d’échecs. Moi, je souffre de sclérose en plaques (SEP) et m’engage pour le Registre de la SEP. J’ai reçu le diagnostic il y a seize ans et ai constaté que de nombreuses personnes concernées savent beaucoup de choses sur leur maladie et son évolution, mais que ce savoir n’était ni collecté, ni disponible de manière groupée. Puis j’ai appris par la Société suisse de la sclérose en plaques qu’un projet était en cours à ce sujet et j’y ai tout de suite participé avec enthousiasme. Cela ne me coûte que le temps de remplir chaque année des questionnaires sur l’évolution de ma maladie et ma gestion de celle-ci. Ces questionnaires, développés avec des personnes touchées, portent sur la médication, l’état général et la gestion du quotidien. A cela s’ajoutent parfois des enquêtes sur des sujets actuels. Les données, collectées de façon centralisée et sous pseudonyme dans une banque de données, sont analysées par les scientifiques. Elles présentent les résultats lors de webinaires et dans des articles sur le site de la Société suisse de la sclérose en plaques, et lors de manifestations organisées pour les personnes concernées. Plus les malades contribueront à ce pool de données, plus on pourra suivre de nouvelles approches. La météosensibilité en est un exemple: les scientifiques notent que les patients réagissent aux variations de température et peuvent examiner ce phénomène plus en détail. L’équipe de l’Institut d’épidémiologie, de biostatistique et de prévention (EBPI) de l’Université de Zurich est très accessible aux personnes touchées et l’échange est passionnant. Je veux avoir mon mot à dire. C’est pourquoi je participe au Registre suisse de la SEP. S’il pouvait aussi contribuer à ce que le public connaisse mieux la maladie, ce serait bien.» ef

Arnaud Conne, Projet Glacialis: observer des mammifères marins dans l’Arctique | Photo: Lucas Ziegler

«Je veux contribuer à une meilleure compréhension de notre Terre.»
Arnaud Conne (41)
Photographe et skipper

«En tant que photographe professionnel, passionné de navigation, de spéléologie et de plongée sous-marine, je suis proche de la science depuis longtemps. J’ai par exemple documenté des expositions scientifiques, travaillé en collaboration avec des centres de recherche, exploré et cartographié des milieux aussi bien urbains que naturels. Ma mission: contribuer à une meilleure connaissance du monde. C’est dans cette même optique que j’ai participé au projet de sciences citoyennes Glacialis. J’avais acheté, quelques années auparavant, un bateau, Atlas, que j’avais équipé afin qu’il serve au-delà de la navigation de plaisance. Pour moi, ce bateau devait avoir une mission. J’ai collaboré avec des projets de sciences participatives autour des pollutions microplastiques. C’est ainsi que j’ai été en contact avec la biologiste responsable du projet Glacialis. Quand elle m’a décrit les objectifs de ce projet, axé sur la surveillance des mammifères marins mais également sur la collecte de données à large spectre en Arctique, j’ai immédiatement été enthousiasmé. Pendant plus d’une année, j’ai donc oeuvré bénévolement pour cette mission. Je n’ai pas seulement mis mon bateau et mes compétences de navigateur à disposition, j’ai aussi participé au développement du projet avec l’équipe. Et surtout, pendant plus de sept mois en mer, j’ai vécu une magnifique expérience qui me motive à repartir avec mon bateau et l’association Atlas Expéditions au service d’autres expéditions scientifiques en Arctique.» ef