Contrats de courte durée, logements précaires et expiration des permis de séjour – la vie des postdocs n'est pas simple en Suisse.| Photo: Anthony Annex/Keystone

Pendant la pandémie de Covid-19, nombre de jeunes scientifiques ont tourné le dos à la science, a constaté l’ancien président du Conseil européen de la recherche Jean-Pierre Bourguignon. Pour mettre fin à l'hémorragie de cerveaux, des scientifiques de toute l’Europe ont présenté un manifeste avec un plan en quatre points. D’une part, les conditions de travail, les salaires et la mobilité des scientifiques doivent être répertoriés et surveillés. De l’autre, il faut améliorer les conditions d’engagement et de travail de la relève. Et il faut davantage de recrutements de doctorantes et doctorants dans l’industrie, ainsi que des améliorations ciblées pour la relève scientifique sur l’ensemble du marché du travail européen.

«Bien sûr, cela a un impact sur ma santé mentale.»Emma Hodcroft

«L’Europe ne peut pas se permettre de voir les forces vives de sa recherche gravement affectées à une époque où une bataille globale pour les talents fait rage», a dit Jean-Pierre Bourguignon lors d’une conférence européenne sur le soutien des jeunes scientifiques en période d’incertitudes, le 13 juillet dernier à Bruxelles.

En avril, sur Twitter, la biologiste Emma Hodcroft attirait déjà l’attention sur la pression subie aussi par les jeunes scientifiques en Suisse: «En plus du stress de la pandémie, depuis 2020, j’ai enchaîné les contrats à durée déterminée et les logements précaires (pas de travail, pas d’appartement), puis j’ai vécu l’expiration imminente de mon permis de séjour en Suisse (aussi en lien avec l’emploi) en novembre. Bien sûr, cela a un impact sur ma santé mentale, ma créativité et ma productivité.» Depuis, sa situation a peu évoluée. «J’aimerais beaucoup rester en Suisse. Mais j’ai toujours des contrats de travail de durée limitée qui expirent dans moins d’un an», notait- elle ainsi en juillet à la demande d’Horizons. Les politiques ont compris qu’il fallait agir: lors de la session d'été, le Parlement a accepté un postulat qui vise à contraindre les universités à créer plus de postes de postdoc à durée indéterminée.