Intégrité scientifique
Une thèse sur la recherche raciale suscite encore la controverse
La psychologue Henriette Haas s’oppose à la thèse de doctorat de l’historien Pascal Germann. L’affaire commence à faire des vagues dans toute la Suisse.
Un conflit virulent entoure les recherches de l'ancien recteur de l'Université de Zurich Alfred Ernst. | Photo: Wilhelm Pleyer/ETH-Bibliothek Zürich
Psychologue médico-légale à l’Université de Zurich, Henriette Haas a déposé, il y a quatre ans, une plainte auprès de la direction de l’établissement, accusant Pascal Germann de fraude scientifique. L’historien aurait falsifié, omis ou interprété arbitrairement des données dans sa thèse de doctorat consacrée à l’histoire de l’étude des races et à la génétique humaine en Suisse. Le jeune scientifique y analyse aussi les travaux d’Alfred Ernst, ex-recteur de l’université et grand-père d’Henriette Haas. Ce botaniste a notamment été l’un des cofondateurs de la Fondation Julius-Klaus (1922), qui avait pour but «l’amélioration de la race humaine».
En 2021, un audit externe a disculpé Pascal Germann en tous points. Henriette Haas a néanmoins poursuivi son combat contre sa thèse, au point que le magazine alémanique Beobachter lui a consacré un article. Son auteur renvoie à une contribution de la psychologue parue dans la revue en ligne Médialex. Elle y déplore entre autres la déliquescence des normes méthodologiques dans l’historiographie et remet une nouvelle fois en question la scientificité du travail de Pascal Germann. Elle écrit par exemple: «Pourquoi ne formule-t-il (ndlr, Pascal Germann) aucune de ses accusations floues sous forme de constatation directe et falsifiable? Peut-on qualifier une telle démarche de scientifique?» A l’instigation de l’Université de Zurich, Médialex a dû placer une référence à l’expertise après coup. Selon le Beobachter, l’institution examine aussi la possibilité d’engager une action judiciaire. Pascal Germann, désormais maître-assistant à l’Université de Berne, explique dans le magazine qu’un historien doit s’attendre à soulever un débat critique. Néanmoins: «Il s’agissait là d’une autre dimension. S’attaquer à un jeune chercheur et nuire à sa réputation en s’armant d’un avocat et de fausses accusations remet la liberté de la recherche en question.»
