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Ouidit Marina Fiori

Photo: Anne Gabriel-Jürgens/13 Photo

Nondit Elsbeth Stern
Depuis l’introduction du concept de quotient intellectuel (QI), il y a plus d’un siècle, la manière dont nous travaillons, dont nous interagissons avec les autres et dont nous vivons au quotidien a profondément changé. Pendant tout ce temps, nous n’avons pratiquement pas modifié la définition et la mesure du QI. Nous devons pourtant prendre en considération de nouvelles manières d’être intelligent au XXIe siècle. L’intelligence émotionnelle (IE) – la capacité à reconnaître, comprendre et réguler ses émotions et celles des autres – est l’une d’entre elles.

«L’intelligence émotionnelle est un indicateur bien établi de la qualité des relations.»

Les tests de QI évaluent comment les individus gèrent et traitent l’information, qu’il s’agisse de nombres ou de symboles et de leurs connexions logiques, bref, autant d’éléments froids et sans vie. Les émotions, elles, colorent les perceptions et donnent une autre signification aux objets, en les évaluant positivement ou négativement, et en activant des fonctions cognitives plus complexes telles que l’attention, la motivation et la créativité. L’IE est nécessaire pour pouvoir prendre en compte le rôle des émotions dans la cohabitation des êtres humains.

L’IE est à considérer comme une forme d’intelligence liée au QI, mais elle en diffère à tel point qu’elle constitue une construction nouvelle. Le QI permet indubitablement de prédire les performances scolaires. Mais il ne couvre pas d’autres aptitudes importantes, comme le fait qu’une élève parvient à se lier avec ses pairs, s’intègre bien ou vit l’école de façon positive. C’est là qu’intervient l’IE. Elle fait partie des compétences qui, selon l’OMS, nous sont nécessaires à une vie satisfaisante et à notre épanouissement. En tant qu’animal hautement développé sur le plan social, les humains possèdent des capacités complexes qui leur permettent d’exprimer leurs sentiments, de comprendre les autres et d’interpréter les expressions de leurs interlocuteurs. Il s’agit de l’aspect central de l’IE en tant que concept prédictif de la qualité des relations. Nous voulons tous une vie remplie de sens et d’émotions positives. L’IE aide à y parvenir, car elle constitue la base nécessaire à la création de liens sociaux de qualité. Si nous voulons voir nos enfants mener une vie heureuse et épanouie, nous devons favoriser davantage leur intelligence émotionnelle que leur QI.

Marina Fiori est responsable du champ de recherche Processus d’apprentissage et soutien à la Haute Ecole fédérale en formation professionnelle (HEFP).

De tout temps, la psychologie s’est donné pour tâche de systématiser et de quantifier les différences entre les individus. A cette fin ont été développés des tests qui doivent satisfaire à certains critères de qualité.

«Ce que l’on qualifie d’intelligence émotionnelle est tout simplement une duperie.»

On parle de traits de personnalité quand les résultats de tests restent stables dans le temps et dans toutes les situations. Cet objectif a été atteint de manière satisfaisante pour certains traits de caractère, par exemple dans la dimension introversion-extraversion, et il a été très bien atteint pour le trait de l’intelligence. Soit la capacité à tirer des conclusions logiques et à traiter efficacement les informations. Des exercices de tests de conception différente révèlent des corrélations importantes, ce qui plaide en faveur d’une capacité intellectuelle générale, indépendante du contenu. Au cours de la vie, les différences constatées dans les tests d’intelligence restent très stables.

Les épreuves d’intelligence peuvent être classées sur une échelle de difficulté très précise et le QI est quantifié comme un écart de la valeur moyenne. On peut donc non seulement prédire qu’une personne dotée d’un QI supérieur aura plus de chances de réussir qu’une personne dotée d’un QI inférieur en termes de notes scolaires ou d’un autre critère quantifiable. Chaque point de QI supplémentaire permet également de quantifier l’avantage moyen de cette personne.

Nulle autre construction de la psychologie n’offre une telle qualité de mesure. Ce que l’on qualifie d’intelligence émotionnelle est tout simplement une duperie. C’est une tentative d’exploiter la réputation de la recherche cognitive sur l’intelligence sans fournir de tests de qualité correspondante.

On reconnaît les problèmes de régulation des émotions au comportement d’une personne, et les tests livrent rarement des informations supplémentaires. Pour le reste, la manière dont les émotions influencent notre vécu et notre comportement est si diverse et si variable que contrairement à l’intelligence cognitive, il n’est pas justifié de parler de caractéristique personnelle.

Elsbeth Stern est professeure de recherche de l’enseignement et de l’apprentissage empirique à l’ETH Zurich et a publié de nombreux ouvrages et articles sur l’intelligence cognitive.

Photo: màd

Jadit Marina Fiori

Depuis l’introduction du concept de quotient intellectuel (QI), il y a plus d’un siècle, la manière dont nous travaillons, dont nous interagissons avec les autres et dont nous vivons au quotidien a profondément changé. Pendant tout ce temps, nous n’avons pratiquement pas modifié la définition et la mesure du QI. Nous devons pourtant prendre en considération de nouvelles manières d’être intelligent au XXIe siècle. L’intelligence émotionnelle (IE) – la capacité à reconnaître, comprendre et réguler ses émotions et celles des autres – est l’une d’entre elles.

«L’intelligence émotionnelle est un indicateur bien établi de la qualité des relations.»

Les tests de QI évaluent comment les individus gèrent et traitent l’information, qu’il s’agisse de nombres ou de symboles et de leurs connexions logiques, bref, autant d’éléments froids et sans vie. Les émotions, elles, colorent les perceptions et donnent une autre signification aux objets, en les évaluant positivement ou négativement, et en activant des fonctions cognitives plus complexes telles que l’attention, la motivation et la créativité. L’IE est nécessaire pour pouvoir prendre en compte le rôle des émotions dans la cohabitation des êtres humains.

L’IE est à considérer comme une forme d’intelligence liée au QI, mais elle en diffère à tel point qu’elle constitue une construction nouvelle. Le QI permet indubitablement de prédire les performances scolaires. Mais il ne couvre pas d’autres aptitudes importantes, comme le fait qu’une élève parvient à se lier avec ses pairs, s’intègre bien ou vit l’école de façon positive. C’est là qu’intervient l’IE. Elle fait partie des compétences qui, selon l’OMS, nous sont nécessaires à une vie satisfaisante et à notre épanouissement. En tant qu’animal hautement développé sur le plan social, les humains possèdent des capacités complexes qui leur permettent d’exprimer leurs sentiments, de comprendre les autres et d’interpréter les expressions de leurs interlocuteurs. Il s’agit de l’aspect central de l’IE en tant que concept prédictif de la qualité des relations. Nous voulons tous une vie remplie de sens et d’émotions positives. L’IE aide à y parvenir, car elle constitue la base nécessaire à la création de liens sociaux de qualité. Si nous voulons voir nos enfants mener une vie heureuse et épanouie, nous devons favoriser davantage leur intelligence émotionnelle que leur QI.

Marina Fiori est responsable du champ de recherche Processus d’apprentissage et soutien à la Haute Ecole fédérale en formation professionnelle (HEFP).

 


Photo: Anne Gabriel-Jürgens/13 Photo

Nondit Elsbeth Stern

De tout temps, la psychologie s’est donné pour tâche de systématiser et de quantifier les différences entre les individus. A cette fin ont été développés des tests qui doivent satisfaire à certains critères de qualité.

«Ce que l’on qualifie d’intelligence émotionnelle est tout simplement une duperie.»

On parle de traits de personnalité quand les résultats de tests restent stables dans le temps et dans toutes les situations. Cet objectif a été atteint de manière satisfaisante pour certains traits de caractère, par exemple dans la dimension introversion-extraversion, et il a été très bien atteint pour le trait de l’intelligence. Soit la capacité à tirer des conclusions logiques et à traiter efficacement les informations. Des exercices de tests de conception différente révèlent des corrélations importantes, ce qui plaide en faveur d’une capacité intellectuelle générale, indépendante du contenu. Au cours de la vie, les différences constatées dans les tests d’intelligence restent très stables.

Les épreuves d’intelligence peuvent être classées sur une échelle de difficulté très précise et le QI est quantifié comme un écart de la valeur moyenne. On peut donc non seulement prédire qu’une personne dotée d’un QI supérieur aura plus de chances de réussir qu’une personne dotée d’un QI inférieur en termes de notes scolaires ou d’un autre critère quantifiable. Chaque point de QI supplémentaire permet également de quantifier l’avantage moyen de cette personne.

Nulle autre construction de la psychologie n’offre une telle qualité de mesure. Ce que l’on qualifie d’intelligence émotionnelle est tout simplement une duperie. C’est une tentative d’exploiter la réputation de la recherche cognitive sur l’intelligence sans fournir de tests de qualité correspondante.

On reconnaît les problèmes de régulation des émotions au comportement d’une personne, et les tests livrent rarement des informations supplémentaires. Pour le reste, la manière dont les émotions influencent notre vécu et notre comportement est si diverse et si variable que contrairement à l’intelligence cognitive, il n’est pas justifié de parler de caractéristique personnelle.

Elsbeth Stern est professeure de recherche de l’enseignement et de l’apprentissage empirique à l’ETH Zurich et a publié de nombreux ouvrages et articles sur l’intelligence cognitive.