Das digitale Wissen disziplinieren

Antonio Loprieno était président des Académies suisses des sciences jusqu’à fin janvier 2020 et prend congé avec cette colonne. | Image: Andri Pol

Cette édition d’Horizons est consacrée à la dialectique sur la science et la croyance. Le savoir est souvent compris comme cette «pensée postmétaphysique» que Jürgen Habermas oppose à la «croyance» qui l’avait précédée dans l’histoire et qui interprétait les connaissances scientifiques sur un fond de valeurs morales. Cette interprétation réduit toutefois le concept de croyance essentiellement à sa dénotation religieuse. On peut pourtant ne pas croire qu’en Dieu mais au sens de sa propre activité scientifique ou à la plausibilité de ses résultats. Alors la «croyance» ne doit pas être comprise comme opposée au savoir mais comme condition à son intériorisation et son acceptation émotionnelle.

La croyance est un savoir chargé d’émotions. La relation entre les deux n’est pas de succession temporelle (de la croyance au savoir), mais de récursivité cyclique (du savoir à la croyance, de la croyance au savoir, etc.). Dans la chronologie sémantique, croyance et savoir se comportent comme chercher et trouver. Ce ne sont pas des états fermés sur eux-mêmes mais, selon la terminologie de Zeno Vendler, des alternances d’«activities» et d’ «achievements ».

A l’ère de la simulation justement, prendre conscience de la relation récursive du savoir et de la croyance peut nous offrir une orientation. Car comme le montrent les débats sur la compétence interprétative des reconstructions numériques, par exemple de Venise – qui de l’historien ou de l’ informaticien est le propriétaire de la simulation visuelle? – ces deux communautés sont souvent dépassées quand le rôle de la croyance dans la production d’un nouveau savoir est ignoré.

Aristote savait déjà (ou croyait?) qu’aspirer au savoir est dans la nature de l’homme. Savoir et croyance sont totalement imbriqués: nous, les scientifiques, sommes toujours en quête. Mais sans croire, nous ne découvrirons pas grand-chose.