Comportement protecteur ou opportuniste? Ce ne sont pas ses gènes qui en décideront. | Image: shutterstock/Pavaphon Supanantananon

A l’instar de nombreux mammifères, certaines espèces de cichlidés ont développé un comportement social élaboré. Ces poissons s’occupent de leur progéniture en famille ou se défendent ensemble contre les ennemis. Des biologistes de l’Université de Berne ont établi que ces comportements résultaient moins de la génétique que de l’influence de l’environnement.

Les scientifiques ont soumis plus de 380 poissons juvéniles de l’espèce Neolamprologus pulcher à trois expériences. La première portait sur le comportement concurrentiel: ils devaient défendre leur abri contre un congénère. Dans la deuxième, elles ont examiné comment ils s’intégraient dans un groupe. La troisième a déterminé dans quelle mesure ils s’engageaient activement pour protéger le groupe ou les petits contre un poisson prédateur. Les biologistes ont ensuite relié leurs observations à la généalogie des poissons afin d’évaluer l’influence de la génétique.

Résultat: seul un des comportements s’est avéré partiellement héréditaire, celui de la défense contre le prédateur. Les deux autres – la capacité d’intégration et le comportement concurrentiel – ne le sont pratiquement pas. «Nous avons été surprises qu’un trait du comportement social soit d’origine génétique», dit Claudia Kasper, première auteure. Une étude antérieure avait déjà montré que la coopération autour de la progéniture n’était que très partiellement inscrite dans les gènes. «Nous savons désormais que les comportements complexes ne sont quasiment pas héréditaires mais résultent d’une réaction à l’environnement, dit la chercheuse. Ce n’est qu’ainsi que les êtres vivants peuvent s’adapter de manière flexible.»

C. Kasper et al.: Heritabilities, social environment effects and genetic correlations of social behaviours in a cooperatively breeding vertebrate. Journal of Evolutionary Biology (2019)