Les plantes profitent de davantage de nutriments lorsque la sécheresse affaiblit les microbes. | Photo: Jean-Christophe Clément

La sécheresse peut favoriser la croissance des plantes – à court terme du moins. Tel est le résultat paradoxal obtenu par une étude menée par l’Université de Grenoble et cofinancée par le FNS.

L’équipe de recherche avait auparavant analysé l’impact du stress hydrique sur la végétation de prairies de montagne. Après les avoir laissé se reposer pendant un an, elle les a récupérés et y a fait pousser une plante fourragère herbacée, le ray-grass anglais ou ivraie, souvent utilisé pour la production de foin. Résultat: il croît mieux sur un sol précédemment soumis à la sécheresse, et ses tissus étaient plus riches en azote.

«L’ancien stress hydrique a affaibli les communautés microbiennes présentes dans le sol, car elles parviennent moins bien à absorber l’azote du sol», explique Nicolas Legay, premier auteur de l’étude. Or, les plantes ont aussi besoin d’azote pour pousser. «Parce que les micro-organismes du sol sont moins compétitifs, la plante reçoit davantage de nutriments et elle pousse mieux.» Les chercheurs ont ensuite soumis ces plantes à une nouvelle période de sécheresse. A nouveau, elles donnaient plus de foin. «Une fois encore, les communautés microbiennes du sol ont été affaiblies.» Mais il s’agit d’un effet de court terme», tempère le chercheur. Parce que les micro-organismes du sol ont été très perturbés par ces sécheresses. Or, ils assurent, en temps normal, le recyclage des nutriments du sol. «A plus long terme, la qualité du sol pourrait donc baisser, et avec elle la qualité et la quantité du foin produit.»

Ces travaux font partie d’un projet européen comparant l’impact des pratiques agricoles raisonnées (avec très peu de fertilisation et de fauches) à celui des techniques intensives. Pour Nicolas Legay, maintenir des pratiques agricoles traditionnelles sans apport de nutriments dans le sol deviendra probablement plus difficile si la fréquence des événements climatiques devait s’intensifier.

N. Legay et al.: Soil legacy effects of climatic stress, management and plant functional composition on microbial communities influence the response of Lolium perenne to a new drought event. Plant and Soil (2017)