La SSR devrait collaborer davantage avec les institutions scientifiques de l'avis d'Otfried Jarren. | Photo: Christian Beutler / Keystone

Otfried Jarren, pourquoi vous battez- vous pour l’émission scientifique phare de la SRF?

Une case horaire consacrée à la science va disparaître. Cela comporte le risque d’une réduction des ressources. La structure de la rédaction scientifique ne doit pas en souffrir, ni la qualité de l’offre.

Vaut-il la peine de se battre pour un format en perte d’audience?

C’est en effet ambivalent. Comme le dit à raison la SSR, l’engagement à la radio se fait à travers la musique. Les auditeurs changent de chaîne lors de longs passages parlés. Et c’est vrai que la science n’est pas un sujet facile. Toutefois, lorsqu’un format disparaît, on ne sait plus où trouver des informations sur la science et la communauté se réduit. Cela ne doit pas arriver.

«Je dois reconnaître que la SRF a une grande sensibilité pour les thèmes scientifiques.»
Vous avez discuté avec Nathalie Wappler, directrice de la SRF, au sein du comité de pétition. Qu’en est-il ressorti?

Je dois reconnaître que la SRF a une grande sensibilité pour les thèmes scientifiques. Les compétences spécialisées doivent être maintenues et regroupées et les produits diffusés dans de nombreux formats. C’est compréhensible du point de vue de la direction, mais risque de nuire à la spécialisation et à la diversité des thèmes. Il devient plus difficile pour les journalistes de choisir elles-mêmes les sujets. En tant que fournisseuses de contenu, elles devront davantage réagir à l’actualité. Or, c’est insuffisant pour assurer une bonne couverture de l’actualité scientifique.

Les rédactions scientifiques sont de plus en plus rares et petites. Comment la SSR peut-elle maintenir la qualité?

La SSR devrait collaborer davantage avec les institutions de recherche, les hautes écoles, le FNS, les académies. Elle pourrait mettre en place une communauté de scientifiques pour être informée tôt de projets innovants et recevoir des suggestions de sujets. Elle pourrait tester de nouveaux formats.

«Même les produits soutenus par une fondation doivent pouvoir être publiés. Si cela fonctionnait pour la Wochenzeitung, la NZZ suivrait-elle?»
Les institutions de recherche devraient-elles financer une fondation pour sauver le journalisme scientifique suisse?

L’idée, ancienne, n’est pas mauvaise en soi. Or, même les produits soutenus par une telle fondation doivent pouvoir être publiés. Si cela fonctionnait pour la Wochenzeitung, la NZZ suivrait-elle? La science occupe toujours moins de place dans la presse. Et pourquoi une fondation, de plus alimentée par de l’argent public, devrait-elle financer, voire subventionner des éditeurs? Les contenus payés par des fondations seraient-ils perçus comme une prestation journalistique indépendante? Il faut rappeler ses obligations à la SSR et la soutenir dans son rôle de service public.