Du cynisme hipster à la croyance que la pandémie était planifiée, on ne peut pas classer dans la même catégorie tous les sceptiques du Covid-19. | Photo:

La pandémie de Covid-19 a offert un sol fertile aux théories du complot. Si la Suisse fait plutôt partie des pays où les fausses informations peinent plus à s’enraciner qu’ailleurs, une équipe de l’Université de Zurich et de l’institut de recherche Mediapulse a toutefois constaté que plus de 40% de la population étaient favorables aux idées complotistes. Mais «tous n’approuvent pas toutes les idées dans la même mesure, note Daniela Mahl, spécialiste en communication à l’Université de Zurich. Le groupe n’est pas du tout homogène.»

Un sondage en ligne, réalisé dans le cadre du Baromètre scientifique suisse, a permis d’identifier six types de sympathisants. Le sondage visait à connaître les connaissances et l’attitude à l’égard du coronavirus de près d’un millier de personnes. Le groupe le plus radical, et aussi le plus important, est celui des croyants extrêmes: une personne sur dix croit non seulement que le nombre de décès a été exagéré, mais peut aussi bien s’imaginer qu’une élite a planifié la pandémie et que le virus n’existe pas.

«Tous n’approuvent pas toutes les idées dans la même mesure.»Daniela Mahl

A l’extrême la plus modérée, on trouve les cyniques du battage médiatique et celles du profit: les deux ne sont guère favorables aux convictions extrêmes du premier groupe, mais les cyniques du battage médiatique pensent que la pandémie a été exagérée, tandis que pour les cyniques du profit certains milieux profitent de la crise et ont intérêt à ce qu’elle se prolonge. «Une telle compréhension de la situation aide à orienter les stratégies de communication de façon plus ciblée», note Daniela Mahl. Les extrémistes sont peu réceptifs aux explications diffusées à la télévision ou dans les journaux. Ils consomment les médias établis mais s’en méfient. Toutefois, leurs personnes de confiance ainsi que des groupes plus éloignés peuvent être atteints de cette façon. Les théories du complot peuvent avoir des conséquences graves pour la santé publique. Les personnes qui y croient considèrent en général les mesures préventives comme le port du masque, la distanciation sociale et la vaccination comme exagérées ou inutiles.

 

Mike S. Schäfer et al.: From Hype Cynics to Extreme Believers: Typologizing the Swiss Population’s COVID-19-Related Conspiracy Beliefs, Their Corresponding Information Behavior, and Social Media Use. International Journal of Communication (2022)