COUPLES DE SCIENTIFIQUES
Les amoureux de la science
Ils vivent sous le même toit et travaillent parfois dans le même laboratoire. Trois couples de scientifiques parlent des défis et des synergies de cette vie commune.
Nous nous sommes rencontrés alors que nous étions encore étudiants, pendant un cours d’été de trois semaines au Cold Spring Harbor Laboratory de Long Island à NewYork. Nous avons entretenu une relation à distance pendant deux ans avant de nous retrouver postdocs à l’Université Stanford (USA). A ce niveau, il était plus facile de trouver un poste au même endroit. Nous étions sur le point de terminer quand je suis tombée enceinte.
Je voulais élever nos enfants en Europe. Nous avons eu de la chance en trouvant du travail à Bâle indépendamment l’un de l’autre. Aujourd’hui, nous avons trois enfants. Ils passent la matinée à la crèche et sont avec une nounou l’après-midi. Sans ce soutien, je ne pourrais pas effectuer mon travail. J’ai 25 personnes dans mon laboratoire, je dois être présente.»
Notre situation présente aussi des avantages pour la vie familiale. Parfois, l’un de nous deux peut rester à la maison pendant que l’autre gère le laboratoire. Le soir, lorsque les enfants sont couchés, nous nous retrouvons pour travailler ensemble sur des projets. Cela ne fonctionne que parce que nous travaillons dans le même domaine et que nous aimons aussi collaborer, ce qui nous rend très flexibles.
Nos travaux de recherche se répercutent aussi sur l’éducation des enfants. Nous avons par exemple un petit laboratoire à la maison et réalisons des expériences simples avec des myxomycètes et autres choses amusantes avec eux. Parfois, les enfants posent des questions qui influencent à leur tour notre travail. En fait, nous devrions les inclure dans les remerciements de notre prochaine publication.
Notre travail est tout de même très prenant. Le confinement a donc eu certains avantages pour notre vie de famille, car cela nous a permis de passer beaucoup de temps avec les enfants, ce qui n’aurait pas été possible en temps normal. C’était une expérience très enrichissante. Et mes deux grands, âgés de 7 et 4 ans, sont aussi devenus les meilleurs amis du monde pendant cette période.»
Nous nous sommes rencontrés alors que nous étions encore étudiants, pendant un cours d’été de trois semaines au Cold Spring Harbor Laboratory de Long Island à NewYork. Nous avons entretenu une relation à distance pendant deux ans avant de nous retrouver postdocs à l’Université Stanford (USA). A ce niveau, il était plus facile de trouver un poste au même endroit. Nous étions sur le point de terminer quand je suis tombée enceinte.
Je voulais élever nos enfants en Europe. Nous avons eu de la chance en trouvant du travail à Bâle indépendamment l’un de l’autre. Aujourd’hui, nous avons trois enfants. Ils passent la matinée à la crèche et sont avec une nounou l’après-midi. Sans ce soutien, je ne pourrais pas effectuer mon travail. J’ai 25 personnes dans mon laboratoire, je dois être présente.»
Notre situation présente aussi des avantages pour la vie familiale. Parfois, l’un de nous deux peut rester à la maison pendant que l’autre gère le laboratoire. Le soir, lorsque les enfants sont couchés, nous nous retrouvons pour travailler ensemble sur des projets. Cela ne fonctionne que parce que nous travaillons dans le même domaine et que nous aimons aussi collaborer, ce qui nous rend très flexibles.
Nos travaux de recherche se répercutent aussi sur l’éducation des enfants. Nous avons par exemple un petit laboratoire à la maison et réalisons des expériences simples avec des myxomycètes et autres choses amusantes avec eux. Parfois, les enfants posent des questions qui influencent à leur tour notre travail. En fait, nous devrions les inclure dans les remerciements de notre prochaine publication.
Notre travail est tout de même très prenant. Le confinement a donc eu certains avantages pour notre vie de famille, car cela nous a permis de passer beaucoup de temps avec les enfants, ce qui n’aurait pas été possible en temps normal. C’était une expérience très enrichissante. Et mes deux grands, âgés de 7 et 4 ans, sont aussi devenus les meilleurs amis du monde pendant cette période.»
Avec des enfants adultes et une carrière déjà bien établie, nous ne sommes pas confrontés aux mêmes défis que les jeunes couples de scientifiques. Notre organisation quotidienne est relativement facile et pour le travail scientifique, nous voyons essentiellement des synergies dans notre relation. Depuis que Patricia édite les publications de mon groupe, j’ai pris conscience de l’importance de la manière de communiquer des résultats de recherche.
Autre exemple: Patricia traduit en ce moment un livre de l’anglais à l’espagnol au sujet de la diversité de sexes et de genres. Un certain nombre de passages sont plus médicaux ou font appel à des concepts de génétique pointus et je peux donc lui apporter mon expertise. Notre complémentarité professionnelle enrichit notre relation de couple. La science est un sujet quotidien chez nous. C’est d’autant plus facile que nous parlons le même langage, celui de la science.»
Ce qui est agréable, c’est qu’il n’y a pas de compétition entre nous. Et je vis bien le fait qu’il soit mon supérieur car, même s’il est pointilleux, il est respectueux. Et j’ai connu des chefs pires que lui. D’ailleurs, nous avons chacun de la compréhension pour les contraintes professionnelles de l’autre. Je travaille ainsi souvent le week-end, et il s’arrange pour que j’aie assez de place et de tranquillité dans l’appartement. Et quand il m’a annoncé qu’il souhaitait prendre un congé sabbatique, je l’ai soutenu. Au début, j’avoue avoir paniqué, car pour moi, cela signifiait être seule en Suisse durant dix mois. Mais je savais que cette expérience était importante pour sa carrière.»
Avec des enfants adultes et une carrière déjà bien établie, nous ne sommes pas confrontés aux mêmes défis que les jeunes couples de scientifiques. Notre organisation quotidienne est relativement facile et pour le travail scientifique, nous voyons essentiellement des synergies dans notre relation. Depuis que Patricia édite les publications de mon groupe, j’ai pris conscience de l’importance de la manière de communiquer des résultats de recherche.
Autre exemple: Patricia traduit en ce moment un livre de l’anglais à l’espagnol au sujet de la diversité de sexes et de genres. Un certain nombre de passages sont plus médicaux ou font appel à des concepts de génétique pointus et je peux donc lui apporter mon expertise. Notre complémentarité professionnelle enrichit notre relation de couple. La science est un sujet quotidien chez nous. C’est d’autant plus facile que nous parlons le même langage, celui de la science.»
Ce qui est agréable, c’est qu’il n’y a pas de compétition entre nous. Et je vis bien le fait qu’il soit mon supérieur car, même s’il est pointilleux, il est respectueux. Et j’ai connu des chefs pires que lui. D’ailleurs, nous avons chacun de la compréhension pour les contraintes professionnelles de l’autre. Je travaille ainsi souvent le week-end, et il s’arrange pour que j’aie assez de place et de tranquillité dans l’appartement. Et quand il m’a annoncé qu’il souhaitait prendre un congé sabbatique, je l’ai soutenu. Au début, j’avoue avoir paniqué, car pour moi, cela signifiait être seule en Suisse durant dix mois. Mais je savais que cette expérience était importante pour sa carrière.»
«Nous nous sommes rencontrés quand j’ai quitté Oxford pour Paris dans le cadre d’un échange Erasmus. C’est alors que les choses se sont compliquées, géographiquement parlant. Je suis rentrée en Angleterre et Charles a pris un poste à Bruxelles puis à Florence. J’ai écrit une grande partie de ma thèse de doctorat quelque part entre Cambridge, Florence et Paris, avec le soutien de ma directrice de thèse.
A 29 ans, j’attendais notre premier enfant. C’est tôt dans les cercles académiques et plutôt l’exception. Mais nous ne voulions pas laisser notre carrière influencer la décision de fonder une famille. Quand mon mari s’est vu offrir un poste de professeur assistant en Suisse, nous avons emménagé à Zurich, où vit une grande partie de ma famille.
En Angleterre, la question du travail partiel ne se posait même pas. Sur le plan financier, cela aurait été impossible et, là-bas, les temps partiels dans la recherche sont plutôt inhabituels. Je rêve d’un système plus souple. Mais je suis aussi réaliste et je sais qu’une carrière académique est difficile quand on ne s’y consacre pas à 100%.
J’occupe désormais un poste de professeure «tenure track». Mais le poste de mon partenaire est temporaire. Nos années de transhumance ne sont donc pas terminées. L’an dernier, nous avons tous deux été élus à la Swiss Young Academy, où j’entends aborder la question de la promotion des femmes, du mentoring des jeunes parents dans la recherche et des doubles carrières académiques.»
L’an dernier, j’ai refusé un poste de chargé de cours en Ecosse – la distance avec ma famille n’aurait pas été raisonnable. Ma productivité en aurait aussi souffert. Après son master, Anna avait déjà renoncé à une bourse de doctorat à l’Université Columbia.
Il est évident que le phénomène des doubles carrières académiques va devenir plus présent. Les encourager devrait aussi contribuer à la féminisation du corps professoral. Aux USA et en Allemagne, certaines universités ont déjà intégré la question de la carrière double aux procédures de nomination. Ce n’est qu’en déménageant en Suisse que nous avons découvert le concept de corps intermédiaire. Avec mon engagement au sein de la Swiss Young Academy, j’aimerais lui donner un visage et renforcer sa représentation dans les académies suisses.»
A 29 ans, j’attendais notre premier enfant. C’est tôt dans les cercles académiques et plutôt l’exception. Mais nous ne voulions pas laisser notre carrière influencer la décision de fonder une famille. Quand mon mari s’est vu offrir un poste de professeur assistant en Suisse, nous avons emménagé à Zurich, où vit une grande partie de ma famille.
En Angleterre, la question du travail partiel ne se posait même pas. Sur le plan financier, cela aurait été impossible et, là-bas, les temps partiels dans la recherche sont plutôt inhabituels. Je rêve d’un système plus souple. Mais je suis aussi réaliste et je sais qu’une carrière académique est difficile quand on ne s’y consacre pas à 100%.
J’occupe désormais un poste de professeure «tenure track». Mais le poste de mon partenaire est temporaire. Nos années de transhumance ne sont donc pas terminées. L’an dernier, nous avons tous deux été élus à la Swiss Young Academy, où j’entends aborder la question de la promotion des femmes, du mentoring des jeunes parents dans la recherche et des doubles carrières académiques.»
«Quand on suit une double carrière académique et qu’on a des enfants, on est un vrai équilibriste. Notre fils est né alors que nous venions de terminer notre postdoc à Oxford. A cette époque, Anna a décroché une bourse au King’s College de Londres et moi une autre à l’Université de Cambridge. Ce succès académique nous a cependant obligés à faire les trajets depuis Oxford dans des directions différentes. J’ai aussi passé un certain temps en Ethiopie et en Ouganda pour y collecter des données.
L’an dernier, j’ai refusé un poste de chargé de cours en Ecosse – la distance avec ma famille n’aurait pas été raisonnable. Ma productivité en aurait aussi souffert. Après son master, Anna avait déjà renoncé à une bourse de doctorat à l’Université Columbia.
Il est évident que le phénomène des doubles carrières académiques va devenir plus présent. Les encourager devrait aussi contribuer à la féminisation du corps professoral. Aux USA et en Allemagne, certaines universités ont déjà intégré la question de la carrière double aux procédures de nomination. Ce n’est qu’en déménageant en Suisse que nous avons découvert le concept de corps intermédiaire. Avec mon engagement au sein de la Swiss Young Academy, j’aimerais lui donner un visage et renforcer sa représentation dans les académies suisses.»