Chaque année, un vaccin antigrippal différent est nécessaire. Grâce aux anticorps issus de personnes immunodéprimées, une protection à long terme pourrait peut-être un jour être développée. | Photo: Christian Beutler/Keystone

Le vaccin antigrippe est un rendez-vous annuel, surtout pour les personnes âgées ou immunosupprimées, particulièrement vulnérables et sujettes à une évolution grave de la maladie. Et comme le virus de la grippe mute, le vaccin doit, lui aussi, être modifié chaque année. L’interniste et infectiologue Cedric Hirzel de l’Hôpital universitaire de l’Ile à Berne a découvert une éventuelle approche pour assurer une protection plus efficace et durable à ce groupe en constante augmentation. Pour cela, il a dû déclencher une réponse immunitaire contre les structures stables du virus.

Lors d’un séjour à l’Université de Toronto, Cedric Hirzel a examiné les échantillons de sérum de 120 femmes et hommes dont le système immunitaire était inhibé suite à une transplantation d’organe. Un tiers avait surmonté une infection avec des virus de l’influenza de type H1N1 ou de type H3N2. Les autres avaient reçu le vaccin contre la grippe. Généralement, pour déterminer si une personne est à l’abri d’une infection grippale, les médecins ne mesurent que les anticorps contre une protéine spécifique à la surface du virus. Le Bernois a cherché à savoir contre quelles autres structures du virus une réaction immunitaire pouvait être observée. Contrairement aux personnes vaccinées, celles qui étaient immunosupprimées avaient formé des anticorps contre de nombreuses structures diverses du virus après une contamination par l’influenza.

«On ne s’attendait pas à une si large immunité.»Cédric Hirzel

«Nous étions surpris. Nous n’attendions pas une telle réponse immunitaire chez ces patients», note le chercheur. Les infectiologues ont surtout constaté que les sujets immunosupprimés avaient aussi développé des anticorps contre les éléments stables du virus qui ne changent pas d’une année à l’autre. Et ils espèrent parvenir à créer des vaccins efficaces contre ces structures aussi, pour réaliser une protection durable.

C. Hirzel et al.: Natural influenza infection produces a greater diversity of humoral responses than vaccination in immunosuppressed transplant recipients. American Journal of Transplantation (2021)