Tsuyoshi Miyakawa, rédacteur en chef de «Molecular Brain», publiait en début d’année une analyse de ses décisions sur les manuscrits qui lui ont été soumis. Depuis début 2017, il en a examiné 180. Pour 41 d’entre eux, il a réclamé les données brutes aux auteurs. Suite à quoi, à sa grande surprise, 21 manuscrits ont été retirés.

Selon Tsuyoshi Miyakawa, cela indique que la demande de données brutes a entraîné le retrait de plus de la moitié des manuscrits. Sur les 20 travaux restants qui lui ont à nouveau été soumis, il en a refusé 19 en raison de données brutes insuffisantes. Ses conclusions? «Pour plus de 97% des 41 manuscrits, les données brutes exigées par un rédacteur n’ont pas été présentées, ce qui indique qu’elles n’existaient pas dès le départ, du moins dans certains de ces cas.»

«La demande de données brutes a entraîné le retrait de plus de la moitié des manuscrits.»

Le rédacteur en chef suppose que l’absence de données brutes ou leur falsification pourrait expliquer que de nombreuses études scientifiques ne soient pas reproductibles. A quoi viennent s’ajouter d’autres pratiques scientifiques inappropriées, telles que la formulation d’hypothèses après l’annonce de résultats (harking), l’adaptation a posteriori de paramètres d’analyses statistiques (p-hacking) et la publication sélective de résultats positifs (publication bias).

Sachant que chaque étude scientifique doit reposer sur des données brutes et que l’espace de stockage n’est plus un problème, il exige que les revues veillent par principe à ce que leurs auteurs rendent ces données accessibles à tous après la publication de leur article, que ce soit dans une banque de données publique ou sur le site d’une revue. Cela permettrait d’améliorer la reproductibilité des résultats et de renforcer la confiance du public dans la science.