Dans le froid, les mouches – ici Drosophila repleta – grandissent plus lentement. | Wikimedia Commons

Un renard polaire ne survivrait pas longtemps dans le désert - pas plus qu’un renard des sables dans l’Arctique. Les animaux des régions froides deviennent plus grands que les espèces parentes des régions chaudes, tandis que leurs oreilles sont généralement plus petites. Ces variations s’expliquent par la régulation de la température du corps: un volume plus important pour une surface plus petite perd moins de chaleur, tout comme des appendices corporels de moindre taille.

Démontrées pour les animaux à sang chaud, ces corrélations sont maintenant étudiées dans le cas des insectes. Des chercheurs de l’Université de Zurich ont examiné des collections de musée ainsi que des données sur plus de 150 espèces de mouches. Résultat: les insectes deviennent effectivement plus grands sous les latitudes élevées.

«Une raison pourrait être une réaction physiologique aux températures locales», estime Patrick Rohner, auteur principal de l’étude. Bien que les insectes connaissent une croissance plus lente dans les régions froides, la durée de leur développement se prolonge et compense largement ce retard. Mais on ne sait pas encore si la grande taille de ces mouches leur procure un avantage évolutionnaire.

Leurs ailes sont également plus longues dans les régions froides, ce qui constitue une inversion de la règle en vigueur chez les animaux à sang chaud. Des ailes plus courtes n’auraient guère d’influence sur la régulation de la température du corps, poursuit le chercheur: «Les mouches sont si petites qu’elles adoptent immédiatement la température extérieure.» En revanche, des ailes plus longues présentent un avantage évident: les calculs montrent que les mouches ont ainsi besoin de moins d’énergie pour s’envoler. De la sorte, elles peuvent décoller par basses températures – notamment vers des cieux plus cléments.